THE EYE, THE EAR
JAKE SUMNER – Fantastic Man (2013)
« A few years ago, a small record label in New York City
set out to release a compilation of songs from the 70’s and the 80’s by
Nigerian electronic musician William Onyeabor: they didn’t know a lot about him
then, …they still don’t. »
Il
y a quelques années, un petit label de musique à New York City s’apprêtait à
sortir une compilation de morceaux des années 70 et 80 du musicien électronique
nigérian William Onyeabor : ils ne savaient alors pas grand chose sur lui,
…et n’en savent pas beaucoup plus aujourd’hui.
La phrase introductive de ce moyen métrage documentaire
apparu sur la toile (en anglais non sous-titré – à découvrir plus bas) fin
février dernier résume assez bien son point de départ, ainsi que celui de cet
article. Tout est donc parti de la sortie en octobre dernier d’une compilation,
Who is William Onyeabor ?, chez
Luaka Bop Records, label créé par David Byrne, co-fondateur et chanteur des
ex-Talking Heads. Le titre de cette compilation n’est pas anodin et le fait que
ce documentaire réalisé par Jake Sumner existe n’est pas non plus si étonnant
que ça. Car Onyeabor n’est plus un homme, il est devenu un mythe. Sa musique,
unique en son genre, audible sur huit albums entre 1977 et 1985, rend curieux.
Qui est-il ? Bien difficile de le savoir, entre les rumeurs, ses
refus d’interviews et le fait que peu de gens à Enugu, là où il vit, accepte de
parler de lui.
Il
aurait commencé la musique en réalisant la bande originale de son propre film Crashes in Love (1977) après avoir étudié
le cinéma à Moscou et créé sa boîte de production Wilfilms (où seront pressés
tout ses disques), puis il se serait passé un événement mystérieux et enfin il aurait
fini par devenir prêtre. C’est à peu près tout ce que l’on sait de lui. Mais
comment un tel homme, possédant un matériel de qualité conséquent, très rare
pour son pays, composant, produisant et interprétant une musique qui était déjà
novatrice à l’époque, et dont l’allure impressionnait au travers de ses
pochettes, a-t-il pu, alors qu’il aurait pu devenir un très grand nom de la
musique de son époque, disparaître d’un seul coup. C’est ce que Jake Sumner va
chercher à savoir dans Fantastic Man,
documentaire complément de la compilation de Luaka Bop.
Tout
commence entre Londres et New York, où l’on entend les témoignages de gens
comme Damon Albarn ou Caribou, entre autres, et où l’on commence par rappeler
le contexte culturel et musical nigérian et l'originalité de sa musique. Puis l’on part à sa
recherche au Nigéria. D’abord à Lagos, puis directement sur place à Enugu.
Sumner réussira-t-il à le trouver et à parler avec lui ? Je vous laisse la
surprise. Mais si globalement le documentaire semble assez classique dans sa
réalisation, son sujet lui le rend fabuleux, car il dépoussière un pan inconnu
et pourtant important de l’histoire de la musique en allant chercher les
informations directement auprès des personnes concernées, de près ou de loin, des
archives de disque new yorkaises au petit disquaire de Lagos.
Pour vous vendre la musique en plus du documentaire, sachez que Damon
Albarn avoue même : « c’est exactement
le genre de musique que j’aurais adoré être capable de faire ». Et c’est vrai qu’à l’écoute de ce son digne d’un Kraftwerk adapté au style
traditionnel nigérian (selon l’historien de la musique Ed Keazor), produisant
une sorte de disco-funk psychédélique et électronique, on peut le comprendre.
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