THE EYE, THE EAR
ALEJANDRO JODOROWSKY – La Montage sacrée (1973)
C’est
en voyant le dernier clip de Temples, Mesmerise
(à voir dans mon précédant article), que m’est venu l’idée de cet article. The Holy Mountain (La
Montagne sacrée en français) est un film mexico-américain du chilien
Alejandro Jodorowsky, sorti en 1973. Jusque là, presque tout était déjà dit
dans le titre de l’article. Librement inspiré du roman non achevé au sous titre
rêveur de René Daumal Le Mont analogue : roman d’aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement authentiques,
le film raconte l’histoire d’un jeune homme ressemblant étrangement au christ.
Après avoir vécu de nombreuses mésaventures au contact de la société, il réussi
à pénétrer à l’intérieur d’une étrange tour, en haut de laquelle il rencontre
un mystérieux alchimiste. Ce dernier finit par lui proposer de se joindre au
groupe de riches industriels pour lesquels il organise justement un voyage vers
la montagne sacrée.
Ce
film culte est à ajouter à la courte liste du soutien des Beatles au cinéma. Il
est en effet produit par Allen Klein, alors producteur des ex-Beatles, et sa
compagnie ABKCO, et est fortement soutenu par John Lennon et Yoko Ono qui
apportèrent également une contribution financière. Mais cela n’est pas si
étonnant. D’abord parce John et son pote Georges (Harrison) étaient déjà fan du
précédant film de Jodo, El Topo
(1970). Mais s’il plait à John Lennon, c’est aussi pour les thèmes qui y sont
exposés. Le film parle d’un voyage initiatique. Qui plus est avec une
esthétique riche et complète inspirée autant par le surréalisme que les
spiritualités orientales, le tout enrobé d’un esprit psychédélique, à une
époque où, on rappelons le, l’ampleur des mouvements hippies s’atténue et où faire
son petit voyage en Inde pour apprendre la méditation transcendantale auprès du
Maharishi Mahesh Yogi dans son ashram à Rishikesh n’est devenu une idée ni très
originale, ni de très bon goût (on connait les problèmes qui suivirent le voyage
des Beatles – cf. Sexy Sadie).
Et
justement, le film fonctionne car il réussi à rendre le voyage organisé par
l’alchimiste/guide spirituel (joué par Jodorowsky lui-même) autant fascinant
qu’absurde. C’est là toute là poésie du film. Le spectateur voyage avec les
protagonistes et écoute les leçons du guide mais voyage également au travers
d’une multitude de référence entre modernisme consumériste pop, et spiritualité
proche de la nature, et enfin tire les conséquences de tout cela. La fin du
film, qui ne sera pas dévoilée ici, vaut le détour. La Montagne sacrée marque alors d’une certaine manière la fin de l’âge d’or de cette utopie psychédélique, mais également et surtout, la plus belle œuvre signée
par Alejandro Jodorowsky.
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Bande annonce de La
Montagne Sacrée
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