dimanche 30 mars 2014

JAKE SUMNER - Fantastic Man

THE EYE, THE EAR
JAKE SUMNER – Fantastic Man (2013)


            « A few years ago, a small record label in New York City set out to release a compilation of songs from the 70’s and the 80’s by Nigerian electronic musician William Onyeabor: they didn’t know a lot about him then, …they still don’t. »
Il y a quelques années, un petit label de musique à New York City s’apprêtait à sortir une compilation de morceaux des années 70 et 80 du musicien électronique nigérian William Onyeabor : ils ne savaient alors pas grand chose sur lui, …et n’en savent pas beaucoup plus aujourd’hui.


            La phrase introductive de ce moyen métrage documentaire apparu sur la toile (en anglais non sous-titré – à découvrir plus bas) fin février dernier résume assez bien son point de départ, ainsi que celui de cet article. Tout est donc parti de la sortie en octobre dernier d’une compilation, Who is William Onyeabor ?, chez Luaka Bop Records, label créé par David Byrne, co-fondateur et chanteur des ex-Talking Heads. Le titre de cette compilation n’est pas anodin et le fait que ce documentaire réalisé par Jake Sumner existe n’est pas non plus si étonnant que ça. Car Onyeabor n’est plus un homme, il est devenu un mythe. Sa musique, unique en son genre, audible sur huit albums entre 1977 et 1985, rend curieux. Qui est-il ? Bien difficile de le savoir, entre les rumeurs, ses refus d’interviews et le fait que peu de gens à Enugu, là où il vit, accepte de parler de lui.


Il aurait commencé la musique en réalisant la bande originale de son propre film Crashes in Love (1977) après avoir étudié le cinéma à Moscou et créé sa boîte de production Wilfilms (où seront pressés tout ses disques), puis il se serait passé un événement mystérieux et enfin il aurait fini par devenir prêtre. C’est à peu près tout ce que l’on sait de lui. Mais comment un tel homme, possédant un matériel de qualité conséquent, très rare pour son pays, composant, produisant et interprétant une musique qui était déjà novatrice à l’époque, et dont l’allure impressionnait au travers de ses pochettes, a-t-il pu, alors qu’il aurait pu devenir un très grand nom de la musique de son époque, disparaître d’un seul coup. C’est ce que Jake Sumner va chercher à savoir dans Fantastic Man, documentaire complément de la compilation de Luaka Bop.



Tout commence entre Londres et New York, où l’on entend les témoignages de gens comme Damon Albarn ou Caribou, entre autres, et où l’on commence par rappeler le contexte culturel et musical nigérian et l'originalité de sa musique. Puis l’on part à sa recherche au Nigéria. D’abord à Lagos, puis directement sur place à Enugu. Sumner réussira-t-il à le trouver et à parler avec lui ? Je vous laisse la surprise. Mais si globalement le documentaire semble assez classique dans sa réalisation, son sujet lui le rend fabuleux, car il dépoussière un pan inconnu et pourtant important de l’histoire de la musique en allant chercher les informations directement auprès des personnes concernées, de près ou de loin, des archives de disque new yorkaises au petit disquaire de Lagos.  Pour vous vendre la musique en plus du documentaire, sachez que Damon Albarn avoue même : « c’est exactement le genre de musique que j’aurais adoré être capable de faire ». Et c’est vrai qu’à l’écoute de ce son digne d’un Kraftwerk adapté au style traditionnel nigérian (selon l’historien de la musique Ed Keazor), produisant une sorte de disco-funk psychédélique et électronique, on peut le comprendre.



ISSUE - Liquid Wisdom

FEELS LIKE WE ONLY GO BACKWARDS…
La musique du mois passé


Bonus Disc

ISSUELiquid Wisdom
24 février, Greedhead Music



            Si les courants musicaux étaient les membres de grandes familles, il est fort probable que le rap de l’américain masqué Issue serait cousin de l’électro de Patten, entendu dans le précédant article. En un peu moins expérimental peut-être. Il y a avant tout une chose à savoir sur le personnage. Là où certains seraient alcooliques (alcoholic en anglais), Issue s’est affirmé au travers de sa musique en tant que « teaholic », et prend apparemment un profond plaisir à scander le bonheur que cette boisson lui procure. Son site est d’ailleurs destiné « Only for the Teaholics ». Aussi cette mixtape (disponible gratuitement ici) offre aux oreilles une musique très liquide comme l’indique sont titre. On pourrait également la penser enfumée. Mais ne vous y trompez pas, ce ne sont que les volutes du thé qui s’infuse dans l’eau chaude et la vapeur qui s’en échappe.

 


            Et si dès que l’on aborde la musique d’Issue on se sent obligé de parler de thé, ce n’est pas juste parce qu’il centre la plupart de ses propos sur ce sujet. C’est aussi que le personnage est plutôt du genre mystérieux, pas facile de trouver des infos sur lui qui sortirait de ce que l’on peut trouver dans ses mixtapes. Mais il ne faut pas se heurter à son allure sombre et effrayante, son rap n’a rien d’agressif, il aurait même plutôt tendance à être passif. Ses mots, ses phrases sortent parfois comme le souffle d’un dernier effort, les quelques passages « mélodiques » sont mous et les onomatopées et autres bruitages sont toujours bons pour nourrir les nappes de fonds. Plutôt faible en théine donc, mais que l’on la prenne nature, avec un carrée de sucre, une cuillère de miel ou un nuage de lait, Liquid Wisdom est toujours bon.

Un morceau à retenir ?
Don’t Trip. Plongez votre corps dans un bain d’eau chaude et laissez vous infuser. Vous n’être pas très bain ? Alors sirotez votre thé sous la douche en écoutant la piste suivante Mask on the Moon.



Tracklist

01. Intro feat. Maria from Simi Lab (prod. by James Pants)
02. Ten Monks (prod. by Supreme Cuts)
03. Let Me Do My Thing (prod. by ISSUE)
04. How I'm Feelin feat. Haleek Maul (prod. By Inner)
05. I Made It (prod. by Lil Ocean)
06. Very Rare (prod. by Tynethys)
07. Don't Trip feat. Droop-E (prod. by OSØ)
08. Mask on the Moon (prod. by Lil Ocean)
09. Livin on a Dream (prod. by William Sneddon)
10. I'm in Europe (prod. by Bad Channels)
11. Look into my Mind (prod. by CAPREA$ON)
12. Ball (prod. by Jonathan Lowell)
13. Wisdom & Liquid feat. Droop-E (prod. by Jonathan Lowell)
14. Seeing Diamonds (prod. by Inner)

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